Les portefeuilles équilibrés se sont particulièrement démarqués en 2023, l’économie ayant évité une récession redoutée et les obligations ayant enregistré leurs premiers gains annuels depuis 2020. Dans cet article, nous faisons la rétrospective de l’année 2023, examinons son incidence sur les rendements des portefeuilles et vous livrons notre point de vue sur l’avenir.
En 2023, les thèmes dominants étaient notamment la détresse d’une poignée de banques régionales américaines, la récession qui n’a jamais eu lieu (du moins pas encore), les augmentations continues de taux des banques centrales et les spéculations sur les futures interventions des décideurs de la politique monétaire. Nous avons également vécu en permanence dans la crainte de l’inflation et de l’intensification des frictions géopolitiques.
Certains facteurs négatifs ont été contrebalancés par le net affaiblissement de nombreux obstacles à la croissance économique au cours des dernières années. Les problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement ont été résolus en grande partie, les tensions inflationnistes se sont vite relâchées et les fermetures liées à la pandémie en Chine ont pris fin. Grâce à la résolution de ces problèmes, la plupart des pays développés ont réussi à éviter une contraction en 2023.
Les taux obligataires ont atteint leur plus haut niveau en 16 ans
À la fin de 2023, les cours des obligations ont remonté, et ce faisant, cette catégorie d’actifs a connu une année favorable. Le Comité de l’open market de la Réserve fédérale américaine (la « Fed ») a procédé à quatre augmentations supplémentaires de taux correspondant à un total de 100 points de base en 2023, faisant passer le taux des fonds fédéraux de référence d’une fourchette de 4,25 % à 4,50 % au début de l’année à une fourchette de 5,25 % à 5,50 % d’ici juillet. De plus, les taux des Obligations du Trésor américaines à dix ans ont atteint un sommet de 4,98 % en octobre, leur plus haut niveau depuis 2007 (figure 1). Toutefois, les taux ont diminué par la suite, car les investisseurs étaient de plus en plus convaincus que les banques centrales étaient parvenues au terme de l’augmentation des taux. Le taux des obligations du Trésor à dix ans a fini l’année à 3,88 %, soit près de son point de départ de 3,79 % en 2023. Bien que les taux aient quitté leur pic d’octobre, les niveaux de fin d’année étaient supérieurs à ceux qui ont prévalu pendant la majeure partie des dix dernières années.
Figure 1 : Taux des obligations du Trésor américain à 10 ans
Les rendements boursiers ont été attribuables à une poignée de titres seulement
L’année 2023 a été marquée par l’étroitesse du marché américain où un petit groupe de valeurs technologiques à très forte capitalisation (les « sept magnifiques ») a fourni la majeure partie des rendements (figure 2). Outre les sept magnifiques, le marché boursier américain au sens large (mesuré par l’indice S&P 500 Equal Weighted) et les actions mondiales en général ont affiché un rendement beaucoup plus modeste (figure 3). Sur une note positive, ce clivage entre les rendements signifie que les valorisations des actions mondiales sont maintenant généralement raisonnables, les régions autres que les États-Unis se négociant à des rabais particulièrement intéressants par rapport à leur juste valeur (figure 4).
Figure 2 : Rendement des sept magnifiques par rapport à celui de l’indice S&P 500
Figure 3 : Rendement des actions mondiales par rapport à l’indice S&P 500 Equal Weighted
Indexation à 0 % depuis le début de 2023
Figure 4 : Les actions mondiales se négocient au rabais par rapport à la juste valeur
Indices des marchés boursiers par rapport au point d’équilibre
Une embellie pour les portefeuilles équilibrés
Le rendement des titres à revenu fixe et des actions s’est nettement amélioré en 2023 par rapport à 2022. Selon l’indice Bloomberg US Treasury, les rendements des titres à revenu fixe s’établissaient à 4,05 % et ceux des actions à 26,29 % en 2023, contre -12,46 % et -18,11 %, respectivement, en 2022 (figures 5 et 6).
Figure 5 : Rendement de l’année civile pour l’indice S&P 500
Comparaison entre 2022 et 2023
Figure 6 : Rendement de l’année civile pour les bons du Trésor américain
comparaison entre 2022 et 2023
Les rendements de ces catégories d’actifs ont entraîné un gain de 14,30 % pour un portefeuille équilibré en 2023, alors qu’ils s’établissaient à -12,43 % en 2022 (figure 7). Ce solide rendement positif a placé le portefeuille dans le quintile supérieur des rendements des fonds équilibrés au cours des 15 dernières années (figure 8) et représentait plus du double du taux moyen de 6,94 % pendant cette période. En comparaison, c’est en 2022 que le fonds équilibré a eu le deuxième pire rendement au cours des 15 dernières années.
Figure 7 : Rendement de l’année civile pour un portefeuille équilibré
comparaison entre 2022 et 2023
Figure 8 : Rendement de l’année civile pour un portefeuille équilibré
Classement du pire au meilleur rendement de 2008 à 2023
Évolution constante de nos portefeuilles
Un des principes fondamentaux de notre philosophie consiste à évoluer et innover en permanence. Le dernier exemple en date est l’addition de SEC Fonds d’infrastructures mondiales RBC à nos solutions de portefeuille en 2023. Cet ajout a permis aux portefeuilles d’investir dans des actifs d’infrastructure tels que les aéroports, les routes à péage, les tours de téléphonie mobile et d’autres occasions qui soutiennent l’activité économique et la vie quotidienne. En continuant d’élargir notre univers des placements, de nouvelles occasions s’offrent à nous à mesure que les marchés évoluent.
SEC Fonds d’infrastructures mondiales RBC vient d’être lancé, et les rapports sur le rendement ne sont pas donc encore disponibles. Toutefois, l’indice EDHEC Infra300 Equal Weight, qui suit le rendement des infrastructures mondiales, a enregistré un rendement de 17,5 % pour l’année, au 30 novembre 2023 (figure 9).
Figure 9 : Rendement par catégorie d’actifs
Comparaison entre 2022 et 2023
La répartition tactique d’actifs doit rester le fil conducteur
Au cours de 2022 et 2023, nous avons apporté plusieurs changements à la composition tactique de l’actif des portefeuilles, dans l’objectif général de la rendre progressivement neutre. En 2023, le fait saillant était notre passage à une surpondération des obligations. Cela fait plus de vingt ans que nous avions abandonné ce positionnement (figure 10).
En avril, nous avons exécuté la dernière opération visant à passer d’une surpondération à une pondération neutre en actions. Par le passé, nous avions tendance à privilégier légèrement les actions pour profiter de leur prime de risque par rapport aux obligations sur le long terme. Nous sommes toutefois d’avis que cette prime de risque n’a pas adéquatement compensé les investisseurs pour le risque d’un ralentissement économique.
Depuis janvier 2022, nous avons renforcé nos placements en obligations d’un total de 500 points de base dans le profil équilibré. Bien que la plupart des augmentations individuelles aient été effectuées en 2022, c’est notre dernier placement en titres à revenu fixe en 2023 qui s’est soldé par une surpondération dans nos portefeuilles pour la première fois en 20 ans. Cette année, la pondération de nos obligations est attribuable à l’attrait des obligations provenant de leurs bien meilleurs taux réels, au faible risque de valorisation et à l’amélioration du potentiel de rendement total. Notre dernier changement s’est produit lorsque les taux ont atteint leur sommet en octobre dernier.
Figure 10 : Changements apportés à la composition tactique de l’actif depuis 24 mois
Du 1er janvier 2022 au 31 décembre 2023
Que nous réserve l’avenir ?
Au cours des deux dernières années, les marchés ont subi des ajustements extraordinaires. Nous croyons que l’économie ralentira au cours des prochains trimestres, puis se redressera ultérieurement dans l’année. Divers risques devront être tenus à l’œil tout au long de l’année 2024, notamment la hausse des coûts d’emprunt, la contraction du commerce mondial, le ralentissement des attentes des entreprises, la chute de l’activité du logement et le ralentissement du marché du travail.
Si les économies connaissent une légère récession comme nous l’anticipons, les estimations des analystes en matière de croissance des bénéfices devront être revues à la baisse selon nous. Par conséquent, les bénéfices des entreprises sont vulnérables, et le marché boursier pourrait ainsi connaître un rendement plus modeste au cours du premier semestre de 2024.
Nous croyons que les obligations d’État offrent maintenant un arbitrage risque-rendement particulièrement attrayant. En raison de leurs taux actuellement élevés, les obligations d’État peuvent offrir une protection contre un repli des actions tout en réduisant le risque de pertes importantes. De plus, puisque les tensions inflationnistes s’amenuisent, il est peu probable que les banques centrales augmentent davantage les taux et l’accent a été mis sur la possibilité de baisses de taux dans le courant de l’année 2024.
Compte tenu de l’équilibre entre les risques et les occasions pour les horizons de placement tant à court qu’à long terme, nous avons une légère surpondération dans les titres à revenu fixe et une pondération neutre dans les actions.
En ce qui concerne les perspectives à long terme, la liquidation historique du marché obligataire depuis le début de 2022 et l’amélioration des valorisations boursières en dehors des sept magnifiques ont contribué à stimuler nos prévisions de rendement à long terme (figure 11). Compte tenu des rendements prévus pour un profil équilibré, qui augmenteront de 230 points de base pour atteindre 6,8 %, nous croyons que les investisseurs peuvent obtenir un rendement sur dix ans beaucoup plus élevé que ce que nous avions prévu en 2021.
Figure 11 : Variations des rendements annualisés prévus sur dix ans par profil
Il faut s’attendre à une volatilité accrue en 2024
Malgré l’incertitude macroéconomique persistante, 2023 s’est avérée être une année solide tant pour les obligations que pour les actions, ce qui a entraîné des rendements impressionnants pour les portefeuilles équilibrés. Cependant, bien que l’économie ait esquivé une récession en 2023, le décalage historiquement long entre le durcissement monétaire et le marasme économique final suggère que la survenance d’une récession s’approche peut-être. À mesure que le cycle économique arrive à maturité, que l’inflation ralentit et que les taux d’intérêt culminent, nous croyons que les marchés des capitaux pourraient approcher d’une période de transition intéressante. Même si nous reconnaissons que certaines voies pourraient déboucher sur une issue favorable et qu’un atterrissage en douceur est possible, notre hypothèse de base est que le ralentissement de la croissance économique freinera les bénéfices des entreprises. Dans un tel contexte, les actions pourraient être vulnérables, mais les placements à revenu fixe pèseraient probablement plus et procureraient d’importants avantages en matière de diversification dans le rendement d’un portefeuille équilibré.