Tous les deux ou trois ans, nous tombons sur des articles annonçant la « mort » du fonds équilibré
60/40, soit le portefeuille classique d’actions et d’obligations depuis longtemps considéré comme
essentiel à la réussite d’une stratégie de placement. Ces affirmations semblent souvent apparaître
après des périodes fastes, comme celle que nous avons connue en 2020. Les rendements avaient
alors été amplifiés par des politiques monétaires extrêmement accommodantes visant à limiter les
dommages économiques causés par la pandémie.
Ceux qui expriment des doutes estiment que les fonds
équilibrés dont la répartition de l’actif est de 60/40 pourront
difficilement continuer à répondre aux exigences de
rendement des investisseurs dans le contexte actuel de
faiblesse des taux d’intérêt et des rendements prévus. Il est vrai que les rendements prévus pour de nombreuses catégories d’actif pourraient être plus modestes à l’avenir,
mais nous croyons que la détention d’un portefeuille bien
diversifié continuera d’être la stratégie de placement la plus
importante de l’investisseur.
Cela dit, en raison de l’évolution constante du contexte de
placement, les investisseurs devront toujours évaluer la
façon dont ils diversifient leur portefeuille et déterminer s’ils
sont bien placés pour atteindre leurs objectifs à long terme.
Il faut entre autres comprendre les puissants changements
qui surviennent sur les marchés, plus particulièrement le
contexte de faiblesse des taux d’intérêt et la probabilité qu’il
en soit ainsi pendant longtemps.
Portefeuille équilibré 60/40 : Rendements sur périodes mobiles de 10 ans de 1900 à 2020
Le passé : Un historique de rendement solide
Les investisseurs actuels ont connu de longues périodes
de rendements exceptionnels, provenant tant des actions
que des obligations. Dans ce contexte, la plupart des
portefeuilles classiques 60/40 ont constamment produit de
solides rendements. Trois faits saillants ont contribué à ce
succès. Le premier est un marché obligataire haussier de 40
ans. Pendant cette période, le taux des obligations du Trésor
américain à dix ans est descendu d’un sommet de 16 % en 1981
à un peu plus de 1 % aujourd’hui. Deuxièmement, un marché
boursier haussier alimenté par des politiques monétaires
exceptionnellement stimulantes a fait suite à la crise
financière de 2008-2009. Le dernier facteur est la stabilité
invariablement assurée par les obligations pendant les
périodes de volatilité des marchés boursiers, et contribuant
à offrir une expérience de placement plus uniforme. Malgré
ce parcours remarquable pour les obligations et les actions
au cours de la dernière décennie, de nombreux investisseurs
réévaluent la répartition habituelle de leur actif, compte tenu des attentes selon lesquelles les rendements seront plus
modestes durant la prochaine décennie, en particulier pour
les obligations.
Le présent : Remise en question de la répartition habituelle de l’actif
Le contexte actuel de faiblesse des taux d’intérêt et de baisse
des rendements prévus pose plusieurs problèmes pour les
portefeuilles classiques 60/40 et leurs détenteurs. Les taux
obligataires ont atteint des creux historiques, avoisinant
zéro dans le cas des obligations d’État de nombreux pays.
Face aux répercussions économiques et financières de
la pandémie, les banques centrales se sont engagées à
maintenir de faibles taux d’intérêt à court terme pour stimuler
l’économie et les marchés financiers, et ce, même si la reprise
s’accélère. Cet engagement des banques centrales est lourd
de conséquences pour les investisseurs en obligations, qui
peuvent s’attendre à une diminution des rendements prévus
et à un revenu moindre. Par le passé, les obligations n’ont pas
seulement procuré un revenu : elles sont aussi une source
de liquidité et assurent une protection contre la volatilité
des marchés boursiers. Toutefois, en raison des modestes
taux d’intérêt actuels, les investisseurs, en particulier ceux
en quête de prudence dont les portefeuilles comprennent
de fortes proportions de titres à revenu fixe, devront évaluer
si leurs portefeuilles sont bien placés pour atteindre leurs
objectifs de placement à long terme.
L’envolée des actions depuis plus de dix ans a propulsé
les valorisations boursières à des niveaux exagérés selon
certaines mesures, surtout dans le segment des actions
américaines à grande capitalisation. Donc, les investisseurs
devront aussi modérer leurs attentes de rendement global
pour les actions. Même si nous continuons de croire que
les actions surpasseront les obligations au cours de la
prochaine décennie, nos prévisions de rendement pour les
deux catégories d’actif, et par conséquent pour une stratégie
équilibrée, sont inférieures à ce qui était la norme pour les
investisseurs.
Rendement historique et rendements prévus à long terme
Positionnement de votre portefeuille pour l’avenir
À RBC Gestion mondiale d’actifs, nous croyons qu’il existe
différentes façons pour les investisseurs de structurer leur
portefeuille de manière à favoriser les rendements, améliorer
la production de revenus, limiter la volatilité et assurer la
stabilité.
- Améliorer la diversification en répartissant les
placements sur les marchés mondiaux
En adoptant une approche mondiale, les investisseurs
peuvent avoir accès à un éventail accru d’options
de placement, ce qui leur procure une meilleure
diversification et, en définitive, une expérience de
placement plus harmonieuse en réduisant l’incidence
des ralentissements locaux sur leur portefeuille. L’été
dernier, nous avons augmenté la pondération des actions
mondiales de plusieurs de nos portefeuilles. Nous avons
prélevé les fonds à cette fin dans le volet des actions
canadiennes. Étant donné que l’incidence économique
de la COVID-19 varie d’un pays à l’autre et que la volatilité
pourrait s’intensifier, nous croyons que la répartition de
l’actif entre plusieurs régions demeurera un outil important
pour les investisseurs.
- Revoir la pondération des actions
La diminution des attentes de rendement signifie une augmentation du risque que les rendements des
portefeuilles équilibrés soient inférieurs à ceux enregistrés
au cours des dernières décennies. La probabilité que les
investisseurs n’atteignent pas leurs objectifs financiers
serait alors plus forte. Pour de nombreux investisseurs,
l’accroissement de la participation au marché boursier
constitue une première étape vers l’optimisation du
rendement du portefeuille ; ce résultat dépend toutefois
de leur tolérance au risque, car un potentiel de rendement supérieur s’accompagne généralement d’un risque plus élevé. Notre analyse indique que les investisseurs qui
acceptent de suivre un parcours un peu plus tortueux à
court terme sont raisonnablement bien récompensés à
long terme. Dans le courant de l’année, nous avons accru
la pondération stratégique des actions dans bon nombre
de nos portefeuilles, en prélevant les fonds nécessaires
dans le volet des titres à revenu fixe.
- Trouver un revenu parmi les actions
En plus de présenter un meilleur potentiel de rendement
que les obligations, les actions peuvent offrir un avantage
supplémentaire sur le plan du revenu. Les obligations
à dix ans du gouvernement américain rapportent un
rendement en revenu d’environ 1,1 %, par rapport à
1,6 % pour le rendement actuel en dividendes de l’indice
S&P 500. Cet écart constitue une prime qui n’avait pas été
observée depuis un bon moment. Bien que le contexte
économique demeure incertain, nous nous attendons
à ce que le rendement en revenu des actions demeure
plus avantageux que celui des obligations. Selon nos
recherches, les actions américaines dégageront un
rendement total de 4,4 % à long terme1, comparativement à 1,1 % pour les obligations du Trésor américain à dix ans.
- Ajouter des placements de rechange aux titres à revenu fixe
Étant donné la faiblesse actuelle des taux obligataires,
il pourrait être plus difficile pour les obligations de
faire contrepoids à la volatilité du marché boursier. Les
investisseurs auraient intérêt à envisager d’intégrer
de nouvelles catégories d’actif à leur portefeuille, et
à adopter de nouvelles stratégies qui reproduisent
les avantages précédents des obligations d’État ou
qui sont relativement peu corrélées avec les actions
traditionnelles. En novembre dernier, nous avons accru
la part des placements immobiliers directs et établi une
position dans les placements alternatifs liquides en
ajoutant un fonds de crédit à rendement absolu à certains
de nos portefeuilles équilibrés. Ces deux catégories d’actif
ont par le passé procuré de meilleurs rendements en
revenu comparativement aux obligations d’État, en plus
de présenter l’avantage d’une faible corrélation avec les
actions. Il s’agit là de deux exemples de la façon dont
nous ajustons la répartition de notre actif et diversifions
le risque pour nous adapter à l’évolution du contexte de
placement.
- Conserver des obligations, mais diversifier les positions
Les obligations d’État ont sans contredit leur place dans
un portefeuille, mais les investisseurs devraient envisager
de diversifier leurs placements à revenu fixe de façon
à investir dans des titres moins sensibles aux risques
auxquels elles sont exposées. De tels changements
peuvent contribuer à atténuer le risque de taux d’intérêt,
à préserver le capital et à réduire la volatilité des
portefeuilles.
Au cours des 20 dernières années, nous avons élargi nos
segments de titres à revenu fixe en y incluant des titres de
créance de catégorie investissement, à rendement élevé
et de marchés émergents. Pour ce faire, nous avons vendu
des placements en obligations d’État. L’investisseur qui ne
se limite pas aux obligations émises par un gouvernement
s’expose toutefois à un risque de défaillance accru. Il
convient donc d’assurer une supervision rigoureuse du
portefeuille pour faire en sorte qu’il ne devienne pas trop
risqué, compte tenu du profil de l’investisseur.
Une évolution constante est essentielle
À RBC GMA, nous passons beaucoup de temps à réfléchir
à notre composition de l’actif et à en parler. À notre avis,
c’est la décision la plus importante qu’un investisseur
puisse prendre ; elle est un facteur clé du rendement à long
terme des placements. Toutefois, aucune combinaison
unique d’actifs ne restera optimale à long terme ; de petits
changements supplémentaires doivent donc être apportés
à l’occasion pour que les portefeuilles restent à jour. Plus
de 30 années d’expérience en création et en gestion de
portefeuilles nous ont appris que le rajustement de notre
composition de l’actif selon l’évolution des conditions du
marché a été essentiel pour les investisseurs et continuera
de l’être.
Rendements passés sur 5 ans des secteurs du marché obligataire