L’économie mondiale continue de se remettre de la récession de l’an dernier. Nous croyons que le nouveau cycle est d’ailleurs loin d’être terminé, grâce aux importantes mesures monétaires et budgétaires. Les progrès réalisés sur le plan de la vaccination et l’assouplissement des restrictions ont raffermi la confiance des consommateurs et des entreprises, et les indicateurs avancés de l’activité économique ont, dans certains cas, atteint leur plus haut niveau depuis des décennies. Le PIB des États‑Unis, en particulier, est revenu à son sommet d’avant la pandémie, mais comme il reste encore beaucoup de capacités inutilisées, la croissance soutenue pourrait durer. Nous avons un peu relevé nos prévisions de croissance au cours du trimestre et, selon les régions, elles demeurent conformes ou légèrement supérieures à la moyenne (figure 1).
Figure 1 : PIB réel moyen pondéré selon les prévisions générales
Prévisions de croissance des principaux pays développés
L’épidémie et les tensions géopolitiques posent un risque pour les perspectives
L’épidémie continue de représenter une menace pour l’économie, alors que de nouveaux variants se propagent y compris dans les pays où la population a été massivement vaccinée. Même si le nombre de cas diminue dans la plupart des régions, l’apparition de ces variants risque de provoquer une quatrième vague d’infections et, par conséquent, de perturbations économiques. La situation géopolitique apporte également son lot d’incertitudes : recrudescence des tensions entre les États‑Unis et la Chine, conflits au Moyen-Orient et mesures protectionnistes visant le commerce du bois d’œuvre entre les États‑Unis et le Canada.
La hausse de l’inflation est probablement temporaire
Les prix des marchandises, du logement et du carburant ont monté en flèche. En effet, la demande refoulée à la suite des fermetures prolongées et les contraintes s’exerçant sur l’offre accentuent les tensions inflationnistes (figure 2). Les prix à la consommation ont fortement augmenté d’une année sur l’autre en raison des creux d’il y a un an, mais aussi d’un mois sur l’autre, alors que ces variations ne sont pas touchées par les effets de base de l’an dernier. Nous pensons tout de même que les pressions à court terme sur l’inflation s’atténueront bientôt et qu’à long terme, les forces structurelles qui freinent l’augmentation des prix prévaudront.
Figure 2 : Mesures de l’inflation aux États-Unis
La politique monétaire demeure accommodante
Les banques centrales semblent également croire que la récente hausse de l’inflation sera temporaire et, par conséquent, elles maintiennent des politiques monétaires très accommodantes. De nombreux secteurs de l’économie sont encore mis à mal par la pandémie et les taux de chômage demeurent élevés dans la plupart des régions du monde. Même si l’inflation dépasse 2 %, la Fed a mis en place un nouveau cadre qui cible un taux moyen, de sorte que l’inflation peut demeurer forte pendant un certain temps avant qu’elle relève les taux. Le marché des contrats à terme prévoit une première hausse de taux aux États-Unis à la fin de 2022, bien que les dernières prévisions du Comité fédéral de l’open market indiquent qu’elle ne se produira pas avant 2023 (figure 3). Quoi qu’il en soit, la Fed diminuera probablement ses rachats d’actifs avant cela.
Figure 3 : Taux implicite des fonds fédéraux
Contrats à terme sur 12 mois
Les taux des obligations d’État se stabilisent après une augmentation substantielle
Sur les marchés des titres à revenu fixe, la hausse des taux des obligations d’État, qui a été fulgurante entre la fin de 2020 et le début de 2021, s’est essoufflée au cours du dernier trimestre. Les taux obligataires semblent maintenant tenir raisonnablement compte de la forte reprise de l’économie. Pour que les taux d’intérêt à long terme progressent de façon significative à partir de maintenant, la croissance et l’inflation devront dépasser les attentes de manière appréciable. Le risque d’évaluation lié au plongeon des taux des obligations souveraines au début de la pandémie a grandement diminué, étant donné que le taux des obligations américaines à dix ans a maintenant remonté dans la fourchette d’équilibre de notre modèle (figure 4). À plus long terme, nous prévoyons que les taux continueront de grimper. Toutefois, la cadence devrait ralentir en raison des facteurs qui pèsent sur les taux d’intérêt réels, comme le vieillissement de la population, la préférence accrue pour l’épargne au détriment des dépenses et l’arrivée à maturité des économies émergentes.
Figure 4 : Taux des obligations du Trésor américain à dix ans
Fourchette d’équilibre
Les actions fracassent des records et les valorisations, à l’exception des actions de croissance de sociétés américaines à grande capitalisation, demeurent attrayantes
Les actions mondiales poursuivent leur progression, de nombreux indices importants ayant grimpé à des niveaux sans précédent au dernier trimestre. L’indice S&P 500 a bondi de 10 % au dernier trimestre et se situe maintenant plus d’un écart type au-dessus de la juste valeur estimée par notre modèle (figure 5). Nous reconnaissons que les valorisations des actions américaines sont élevées, mais ce n’est pas le cas d’autres marchés, où les actions se négocient près de leur juste valeur (Canada, Europe, ME), voire en deçà (Japon, Royaume-Uni) (figure 6). Le rebond de l’économie et l’accélération de la croissance pourraient entraîner un changement parmi les meneurs, en favorisant les segments du marché plus sensibles aux fluctuations cycliques, dont les valorisations sont relativement intéressantes.
Figure 5 : Point d’équilibre de l’indice S&P 500
Bénéfices et valorisations normalisés
Figure 6 : Valorisations boursières normalisées
Écart type par rapport à la juste valeur
Les perspectives s’améliorent pour les bénéfices des sociétés, étant donné qu’ils ont largement dépassé les attentes
Après s’être montrés trop pessimistes à l’égard des bénéfices, puisque ceux-ci ont nettement dépassé les attentes, les analystes revoient leurs prévisions. Au deuxième trimestre, 87 % des sociétés de l’indice S&P 500 ont publié des bénéfices supérieurs aux estimations et les prévisions ont fait l’objet d’une révision à la hausse généralisée. À l’heure actuelle, les prévisions moyennes tablent sur un bénéfice par action de 210 $ d’ici la fin de 2022 pour les sociétés du S&P 500, contre 195 $ au début de l’année (figure 7). Bien que les valorisations soient élevées, le marché bénéficie d’un soutien fondamental. Si l’expansion se poursuit pendant quelques années, les bénéfices pourraient bien finir par être très intéressants.
Figure 7 : Indice S&P 500
Esimations générales des bénéfices
Composition de l’actif – maintien de la surpondération des actions et de la sous-pondération des obligations
À notre avis, l’économie continuera de croître à un rythme soutenu, grâce à la forte demande et à des politiques de relance exceptionnelles. Nous nous attendons à ce que les banques centrales maintiennent une orientation accommodante dans ce contexte, dans la mesure où les tensions inflationnistes s’avèrent transitoires. Par conséquent, nous n’anticipons pas de hausse des taux pour la période d’un an couverte par nos prévisions. Selon notre hypothèse de base, les taux obligataires devraient rester dans une fourchette au cours des 12 prochains mois, générant des rendements de moins de 5 % pour les obligations d’État. Dans ces conditions, les actions continuent de procurer un fort potentiel de hausse et, bien qu’elles soient chères sur le marché américain, elles demeurent attrayantes ailleurs. Nous restons d’avis que les actions surpasseront les obligations, c’est pourquoi nous conservons une surpondération en actions et une sous-pondération en titres à revenu fixe. Nous avons réduit cette surpondération de 50 points de base au début du trimestre, quand les actions américaines, en particulier, ont atteint leur pleine valeur, en puisant uniquement dans le volet américain, et avons investi le produit dans des obligations. Nos recommandations actuelles de répartition de l’actif d’un portefeuille équilibré mondial sont les suivantes : 64,0 % en actions (pondération stratégique/neutre : 60 %), 35,0 % en obligations (pondération stratégique/neutre : 38 %) et 1,0 % en liquidités.