Transcription
Bonjour et bienvenue à cette édition de À télécharger. Je suis votre hôte, Dave Richardson, et nous sommes en compagnie de l'économiste canadien qui travaille le plus fort, Eric Lascelles, que vous connaissez et aimez tous si vous nous suivez depuis les débuts. Eric, comment allez-vous aujourd'hui?
Très bien. C'est une journée chargée. Nous allons en parler. Mais je vais bien, merci.
Eric refusait de participer à l’émission aujourd'hui. Il a fallu que je le menace avec un droit de douane de 25%. Qui aurait cru qu'une tactique comme celle-là pouvait créer autant d’émoi et d'incertitude? Comment décrire cela, Eric? Vous n'en aviez simplement pas envie aujourd'hui?
C’est ça. Je suis un homme occupé, vous savez. Je ne me déplace qu’à 50% de droits de douane.
Ah! J'aurais pu y aller encore plus fort. En fait, c’est plutôt cela que ce devait être. Des droits de douane de 60% sur la Chine qui sont maintenant descendus à 10%. Jusqu'à 25% au Canada et au Mexique. La question que nous allons aborder aujourd'hui est donc celle des droits de douane. Les conseillers à qui j’ai parlé m’ont dit qu'ils commençaient à recevoir des questions de la part de leurs clients investisseurs. Quel est l'impact sur l'économie canadienne et sur mes investissements au Canada? Que se passe-t-il au niveau de la devise? Nous avons observé un mouvement presque immédiat à l'annonce de la menace de tarifs douaniers. Mais l’une des nuances qu’il faut apporter dès le départ c’est qu'il ne s'agit encore que d'une proposition. L'administration Trump n'entre en fonction qu'en janvier. Cette politique n’est donc toujours pas en activité. Mais Eric, parlons des tarifs douaniers en général. On sait que l'administration Trump veut les mettre de l’avant et que même le secrétaire au Trésor s’y est montré quasi favorable en évoquant que leur impact ne sera pas ce que l’on croit. Mais en tant qu'économiste sérieux, dites-nous ce que sont les droits de douane? Comment fonctionnent-ils? Est-ce qu’ils marchent vraiment? En économie 101, expliquez les tarifs douaniers et leur impact.
Le tarif douanier est censé protéger la production nationale et nuire à la production étrangère. Les gouvernements ont la possibilité d'imposer une taxe sur les produits importés, ce qui décourage les importations ou les rend plus chères. Qui va payer pour ça? C'est une question délicate, et ça dépend des circonstances. On peut dire, de manière réaliste, que le coût est réparti entre quatre ou cinq joueurs. Le producteur étranger est affecté d'une manière ou d'une autre, soit par une baisse de la demande ou parce qu’il se voit forcé de réduire ses prix pour que le public américain puisse les acheter. La devise absorbe souvent une partie du choc. Un pays qui impose des droits de douane voit sa monnaie se renforcer, ce qui absorbe également une partie de la hausse des prix. Ensuite, il y a les grossistes, les détaillants et le consommateur en fin de compte. Ainsi, une certaine fraction du tarif est absorbée par tout le monde. Dans la pratique — et cela semble s'être vérifié au cours de la période 2017-2020, pendant le premier mandat de M. Trump — c’est le consommateur américain qui en a payé la note, de manière disproportionnée. Pas à 100%, mais une fraction assez importante. C'est pourquoi les gens s'inquiètent à juste titre de l'inflation. En d'autres termes, le coût des choses augmente. Il s'agit d'un élément central. Il y a une certaine souffrance économique lorsque les choses deviennent plus chères. Évidemment, il y a une compensation partielle dans le fait que le gouvernement perçoit davantage de recettes, et qu'il fait de l'argent avec ce tarif. Il y a une compensation dans le fait que certaines entreprises sont en mesure de produire davantage sur le marché intérieur. La production nationale est ainsi protégée. Mais encore une fois, les prix des produits finissent généralement par augmenter. Vous vous retrouvez généralement avec une monnaie plus forte, ce qui est un léger coup pour la concurrence. Vous vous retrouvez avec moins de choix parce que certains produits étrangers ne sont pas reproduits au niveau national. Parfois moins de spécialisation. Une entreprise nationale peut être excellente parce qu’elle se concentre sur quelques produits seulement. Et là vous vous voyez forcé de vous disperser un peu trop. Cela peut avoir un coût. Et bien sûr, si et quand les droits de douane sont appliqués, au moins à court terme, on peut voir des problèmes dans la chaîne d'approvisionnement. L'approvisionnement habituel n'étant plus disponible, le temps qu’il faut pour que d'autres entreprises montent en puissance et que les producteurs trouvent des solutions, etc. Il y a certainement des coûts. D'après nous — et il s'agit d'une théorie économique bien simple — un tarif douanier appliqué par un pays est généralement un négatif net sur le plan économique. Cela dépend de l'origine de l'augmentation des prix et d'autres facteurs. Mais en général, il s'agit d'un résultat économique net négatif. Si l'autre pays fait de même, il est garanti que ce sera un négatif économique. Et ce sera sans doute le cas si des droits de douane sont appliqués cette fois-ci. Mais on peut déjà débattre de «si» des droits de douane seront appliqués.
Tout à fait. Bon, c’est maintenant que je vais y aller de mon boniment. Nos responsables marketing m'ont demandé d'en faire toujours plus. Alors écoutez ça, Eric. Voici ma contribution. Pour ceux qui ne connaissent pas encore l’émission — il y en a encore pas mal — voici pourquoi tant de Canadiens nous écoutent. Je crois que c’était là la meilleure explication que j'ai jamais entendue. J'ai étudié l'économie à l'université de Toronto. J'ai suivi tous mes cours pendant quatre ans. Et je n'ai jamais entendu une meilleure explication de toutes les parties concernées par un tarif douanier que ce qu'Eric vient de nous décrire. C'était brillant. Alors, si vous aimez ça, donnez-nous un commentaire cinq étoiles. Abonnez-vous à l’émission. Regardez-nous sur YouTube et apparemment aussi sur LinkedIn. Nous aimerions en avoir plus. Parlez-en à un ami. Nous aimerions qu'un plus grand nombre de personnes apprennent d'Eric Lascelles ce que sont les droits de douane et leur impact. Eric, cela m’amène à vous poser la question que vous vouliez : est-ce que cela va seulement se produire pour vrai?
Tout d’abord, disons qu'il y a eu une véritable lune de miel pour Trump jusqu'à présent, du moins au niveau du marché et même dans le contexte des prévisions économiques. Les gens sont enthousiasmés par les réductions d'impôts, la déréglementation et la renaissance des esprits animaux. Je regarde le S&P 500 qui vient tout juste de dépasser les 6000 points. L'excitation est palpable. Mais nous avons toujours su qu’à ces politiques favorables au marché s’ajoutaient des risques, comme la réduction de l'immigration et l'augmentation des droits de douane. Ce sont les éléments les plus négatifs d'un point de vue économique. Nous avons toujours su qu'ils viendraient. Nous avons fait nos hypothèses et le marché a fait les siennes quant à leur ampleur. Et nous sommes toujours d'avis que nous n'aurons pas la totalité des droits de douane de 60% imposés par Trump à la Chine et de 10% imposés au reste du monde. Nous sommes toujours sceptiques à ce sujet, mais il y a une certaine incertitude. Aujourd’hui, c’est un peu la consternation, alors que les propositions les plus inquiétantes sont avancées. Il est assez déroutant de voir que le Canada et le Mexique sont soudainement menacés par des droits de douane de 25%. Ne parlait-on pas de 10%? Quant à la Chine, on avait parlé de 60%, et soudain, il s’agit de 10%. On verra bien ce qu'il en est en fin de compte. Mais je reste d'avis qu'il serait surprenant que nous obtenions des droits de douane de 25% pour le Canada et le Mexique, et certainement pas sur tout. Par ailleurs, le prochain secrétaire au Trésor, Scott Bessent, parle d'utiliser les droits de douane comme stratégie de négociation. C’est sans doute vrai. Il s'agit d'une négociation ouverte comme cela avait été le cas en 2017-2018, et nous n'avons finalement pas eu les tarifs douaniers complets qui avaient été brandis à l'époque. Je pense qu'il en sera sans doute de même aujourd'hui. Par ailleurs, ce secrétaire au Trésor a également parlé d'une application progressive des droits de douane, s'ils devaient être appliqués, afin d'éviter un choc trop important. Ce serait encore mieux qu’il n’y en ait pas du tout, mais cela ne se produira sans doute pas dès le 20 janvier. Cela dit, Trump a très explicitement lié ces menaces de droits de douane à la sécurité des frontières. Il a parlé des drogues illégales et de l'immigration clandestine. Il y a deux idées à retenir. La première est que si ces pays arrivent à satisfaire les États-Unis sur ces fronts et contribuer à contrôler ce type de flux, les droits de douane ne sont plus envisagés, ou alors sous une forme réduite ou plus ciblée. Par ailleurs, on a parlé du Mexique et du Canada dans le même souffle, et c’est logique. Il y a l'accord commercial ACEUM qui lie les trois pays. Mais en réalité, quand on parle des flux de drogues et d'immigrants illégaux, il s'agit surtout d'un phénomène américano-mexicain. Ce n'est pas le cas à 100%, mais beaucoup plus orienté de ce côté. Je pense donc que c'est sur ce point que l'accent sera mis. Mentionnons qu'en raison de cet accord commercial, il est techniquement interdit d'appliquer des droits de douane les uns aux autres. En théorie, c'est illégal. Dans un scénario extrême et improbable, oui les États-Unis ou tout autre pays ont la possibilité de donner un préavis de six mois et de quitter l'accord commercial. Mais il ne faut pas oublier que c'est Trump lui-même qui avait conclu cet accord commercial. À ses yeux, cet accord n’est certainement pas aussi mauvais que certains autres. Dans certaines situations, il est vrai que les États-Unis disposent d'une législation qui leur permet — comme Trump l'avait fait la dernière fois — d'appliquer des droits de douane. Par exemple, pour la sécurité nationale, ou dans le cas d’antidumping, ou avec l’application de droits compensateurs. Si quelqu'un frappe les États-Unis avec un droit de douane, il est autorisé à le faire. Mais ce n'est pas le cas ici. Souvenez-vous de l’épisode avec le bois d'œuvre canadien. On en a fait, à tort ou à raison, une accusation d’antidumping. Le bois d'œuvre canadien est actuellement soumis à des droits de douane de 15%, et je crois qu'ils ont été augmentés il n'y a pas si longtemps. Alors, oui ce genre de choses peut arriver, même si personne ici n’y ait vu quoi que ce soit d’illégal. La situation est délicate parce qu'il s'agit de terres publiques et que des droits de coupe sont payés, ce qui rend très vite confuse la question de savoir quel serait le taux de marché approprié. Mais le plus important est la question de la sécurité nationale. Elle peut être interprétée de manière très large. Lors du premier mandat de Trump, l'acier et l'aluminium ont été interprétés comme relevant de la sécurité nationale. Si vous voulez fabriquer des chars et des armes, vous auriez besoin d'un approvisionnement fiable en acier et en aluminium. Le Canada avait été menacé d'une telle mesure, mais il n'a finalement pas été touché pendant un certain temps. Dans la mesure où les droits de douane étaient compromis, on pourrait imaginer que de telles choses se produisent. Mais je n’y crois pas vraiment. Le Canada s'adapte à un certain nombre de demandes américaines, qu'il s'agisse d'ouvrir un peu plus les secteurs de gestion de la chaîne d'approvisionnement, avec les produits laitiers ou autres. Et c'était un point de pression la dernière fois. Le bois d'œuvre sera probablement à nouveau un point de pression. L'augmentation significative des dépenses militaires du Canada sera probablement un point de pression. Il semble que le renforcement de la sécurité aux frontières pourrait également en être un. C’est assez ironique. Le plus gros du trafic de munitions et d’armes illégales au Canada provient des États-Unis. De même, on pense qu'il pourrait y avoir un risque d'afflux d'immigrants sans papiers des États-Unis vers le Canada. On peut penser que la sécurité aux frontières est plus importante du point de vue canadien que du point de vue américain. Mais en fin de compte, il pourrait y avoir une pression en ce sens pour que le Canada agisse ainsi. Et cela permettrait au Canada d'éviter ainsi les droits de douane tant redoutés. Nous avons effectué notre propre modélisation. En fait, nous l’avons recommencée en partie ce matin, en modifiant légèrement nos hypothèses. Et si l'on part du principe que quelques secteurs sont effectivement touchés par les droits de douane au Canada, mais que la plupart ne le sont pas, ce qui me semble raisonnable, nous constatons que la croissance économique sera amputée d'environ un tiers de point de pourcentage au cours des deux prochaines années. C’est un choc et ce n'est pas souhaitable. Nous sommes à la recherche de croissance ces temps-ci et nous ne voudrions pas que cela se produise, mais c'est là notre estimation. Sans être souhaitable, cela n'entraînerait pas de récession, ni de chaos dans les marchés. Le marché boursier canadien est fortement orienté vers certains secteurs qui ne semblent pas être trop affectés. Pensez au secteur des services financiers. Il ne semble pas que ces droits de douane soient particulièrement axés sur les services. Si l'on pense au secteur des ressources, les choses deviennent un peu plus floues. J'ai vu un analyste suggérer que les métaux de base pourraient être affectés par un tarif douanier. Nous verrons bien. Je suis assez sceptique à ce sujet. Mais ce qu'il faut retenir, c'est que les marchés canadiens ne sont pas aussi directement touchés qu'on pourrait le penser.
Oui, c'est vrai. Et si la stratégie ultime consiste à stimuler la croissance aux États-Unis, l’entourage de Trump d'un point de vue économique est composé de gens qui se décrivent eux-mêmes comme pro-croissance. L'objectif est de stimuler la croissance. Il a fait campagne sur l'économie et l'immigration clandestine. Si vous regardez les sondages à la sortie des bureaux de vote, ce sont deux des principaux facteurs qui ont poussé les gens à voter pour Trump. Il n'est donc pas surprenant d'associer les deux. C'est en quelque sorte un mélange parfait. Vous n'êtes toujours pas au pouvoir comme tel, vous pouvez donc utiliser cette stratégie comme un stratagème de négociation. À ce stade, il s’agit d’une menace. Nous avons un accord commercial, l'ACEUM, que M. Trump a souvent qualifié de meilleur accord commercial jamais négocié. Toute cette spéculation semble se faire en dehors de cet accord. Mais vous mettez les pièces du puzzle ensemble et, comme vous l'avez dit, l'impact global, sans être nul, n'est peut-être pas si énorme que ça. Et ces tarifs auront-ils vraiment lieu? Cela dit, le dollar canadien s'est déjà affaibli. Les gens ont réagi en se montrant un peu plus inquiets qu'avant. Comme vous l'avez dit, après cette période de lune de miel, on se demande maintenant où cela va nous mener.
On verra bien ce qui sera réellement mis en œuvre. Cela pourrait finir par quelque chose de pas si mauvais. Nous avons eu toute une campagne où l'on parlait d'un tarif de 10%, et puis soudain le chiffre de 25 nous est tombé dessus. Je pense donc qu'un peu de scepticisme est de mise. Certains experts ont spéculé que, si le Mexique était la cible la plus évidente, Trump aurait décidé d’y inclure le Canada en partie parce que l'Amérique du Nord a conclu cet accord commercial, mais aussi parce qu'il pourrait s'en prendre à M. Trudeau, dont il n'est pas un grand fan, à l'approche de l'élection. Nous verrons si c'est le cas ou non. Pour moi, l'accent sera certainement mis sur le Mexique. On verra. Vous savez peut-être qu'en 2026, il sera possible de réexaminer l'accord ACEUM. La meilleure hypothèse est qu'il survivra avec quelques modifications. Il pourrait s'agir de modifications exigeant des normes minimales de travail ou des coûts salariaux minimaux, par exemple, et réduisant indirectement la capacité du Mexique à bénéficier d'un avantage considérable par rapport à ses homologues des pays développés. Mais il n'est pas inconcevable que, dans quelques années, l'ACEUM n'existe plus. Il pourrait exister un accord bilatéral entre le Canada et les États-Unis, puis un autre avec le Mexique qui serait moins favorable à la production chinoise exportée vers les États-Unis, par exemple. Il s'agit là aussi d'une spéculation. Mais nous pourrions assister à ce type de débat. Mais le Canada a une base de coûts très similaire à celle des États-Unis. La balance commerciale du Canada est également très similaire à celle des États-Unis. Ce n'est pas la cible la plus évidente. L'un des points positifs du Canada est qu'il est le premier partenaire commercial de plusieurs États américains. Un grand nombre d'entreprises américaines et de politiciens américains seront dans la cour du Canada pour faire valoir leurs arguments en faveur du maintien de ces liens commerciaux avec le Canada.
Et il convient de noter que certains de ces États sont des États charnières dans l'élection présidentielle. Je voudrais revenir sur un point très important et m'assurer que les personnes qui nous écoutent l'ont bien saisi, à savoir la composition du marché boursier canadien. On y trouve les services financiers, les ressources, des domaines qui ne sont pas affectés par cette proposition particulière. Certaines politiques autour de la déréglementation — «drill, baby, drill», par exemple — pourraient se faire en faveur de l'oléoduc Keystone XL. Trump a déjà dit qu'il voudrait en signer l’accord. Ce sont généralement des mesures qui vont aider ces secteurs de l'économie canadienne et, comme ils représentent une part importante de l'indice canadien et du marché boursier canadien, cette annonce ne devrait pas avoir d'incidence sur la façon dont vous envisagez d'investir dans les actions et les sociétés canadiennes.
Oui, je pense que c'est exact. Cela apporte une couche de protection supplémentaire. Mais je reviens à l'essentiel, à savoir que je pense que si le Canada est frappé par des droits de douane, ce sera probablement de façon très limitée. La menace actuelle est une excellente stratégie de négociation pour entamer la conversation et obtenir quelques concessions de la part du Canada.
Dernière chose. Parlons du dollar. Vous l’avez dit, vous avez constaté une certaine faiblesse du dollar à la suite de l'annonce. On en arrive à aujourd’hui. Si ces politiques et toute autre politique de l'administration Trump devaient affaiblir considérablement le dollar canadien, cela aurait-il une incidence sur ce que la Banque du Canada pourrait être disposée à faire du point de vue des taux d'intérêt? Ou pensez-vous que ces deux choses sont divisées?
Oui, ils sont certainement liés. Et c'est là le problème. Tout affecte tout. On tourne en rond et on se retrouve avec des implications atténuées dans tous les sens. Et c'est probablement ainsi qu'il faut voir les choses. La menace de droits de douane est au désavantage du Canada puisqu’ils affaibliraient la monnaie. L'affaiblissement de la monnaie augmente peut-être un peu l'inflation, à la marge. Mais il stimule également la compétitivité, ce qui aide l'économie dans une certaine mesure. Mais il faut garder à l'esprit la raison pour laquelle la monnaie s'affaiblit. Elle s'affaiblit parce que l'on craint qu'une partie de l'économie canadienne ne bénéficie soudainement plus de la demande étrangère dont elle jouit normalement. Il y a donc des défis économiques à relever. Ainsi, dire que cette baisse de la monnaie signifie que la Banque du Canada doit moins réduire ses taux, ce qui est l'idée sous-jacente, reviendrait à suggérer que la monnaie est peut-être déjà allée trop loin. Il est difficile d'évaluer ces choses et de juger des probabilités et de l'ampleur exacte des droits de douane, mais je dirais que nous observons des mouvements d'un ou deux points de pourcentage ici et là. Je ne vois rien qui change radicalement la trajectoire de la politique monétaire au Canada. Le fait que la Fed suive une trajectoire légèrement plus lente en dit peut-être un peu plus long. Et nous avons tous légèrement revu à la baisse nos prévisions de réduction des taux sur la base d'un certain nombre de développements. Mais je ne pense pas que l'évolution de la devise elle-même change trop la donne à ce stade.
C'est aussi une cible mouvante. Nous avons vu les attentes pour des baisses de taux augmenter puis baisser à nouveau. Quoiqu’il en soit, Eric, merci d'être intervenu aujourd’hui. Voilà ce que nous faisons à cette émission, avec Eric qui est si généreux de son temps. Nous sommes au fait de ce qui préoccupe les investisseurs canadiens. Nous pouvons faire intervenir Eric et nos autres experts rapidement pour aborder ces questions. Et j'ai trouvé que l'explication de l'impact des droits de douane sur les différentes parties prenantes était absolument brillante. Eric, merci comme toujours d'être aussi excellent et de toujours dire oui lorsque nous vous invitons.
Avec grand plaisir. Je vous remercie. Au revoir à tous.