Le 16 octobre 2008, au moment où la crise financière mondiale battait son plein, Warren Buffett publiait dans le New York Times un texte d’opinion intitulé Buy American. I am. (Faites comme moi, achetez des titres américains.) À ce moment-là, les marchés boursiers américains avaient perdu quelque 30 % dans un contexte de peur généralisée sur les marchés et les investisseurs avaient grand besoin d’inspiration.
Même si presque quatorze ans se sont écoulés, la majeure partie de ce qu’a écrit M. Buffett s’applique toujours directement aux investisseurs d’aujourd’hui. Dans cette optique, examinons certains des conseils intemporels de l’oracle d’Omaha :
- Sur la peur. « La peur, désormais généralisée, s’est même emparée des investisseurs aguerris. Cependant, les craintes liées à la prospérité à long terme des nombreuses sociétés saines du pays n’ont aucun sens. Il est vrai que les bénéfices de ces entreprises subiront des soubresauts, comme souvent auparavant. Toutefois, la plupart des grandes sociétés enregistreront de nouveaux bénéfices record d’ici cinq, dix ou vingt ans. »
- Sur la suite des choses. « Je n’ai pas la moindre idée si les actions auront monté ou baissé dans un mois ou un an. Par contre, il est probable que le marché grimpera, peut-être fortement, bien avant le retour de l’optimisme ou un revirement économique. »
- Sur le comportement des investisseurs. « Au 20esiècle… le Dow Jones est passé de 66 points à 11 497 points. On pourrait croire impossible qu’un investisseur ait perdu de l’argent au cours d’un siècle marqué par un gain aussi extraordinaire. Mais ça a été le cas de certains. Ces malchanceux sont ceux qui achetaient des actions uniquement lorsqu’ils étaient à l’aise de le faire, puis les vendaient lorsque les nouvelles les rendaient nerveux. »
Quel a été le résultat de la stratégie de M. Buffett ?
À court terme, tout ne s’est pas passé comme sur des roulettes. Après que M. Buffet eut annoncé ses intentions au public américain, ses achats ont été malmenés. En effet, le S&P 500 a chuté de 20 % supplémentaires avant d’atteindre un creux. Cela dit, M. Buffett n’a pas bronché, car il était conscient qu’il ne pouvait pas prédire les fluctuations à court terme des marchés.
Les conseils de M. Buffet ont fourni à beaucoup de gens le cadre dont ils avaient besoin pour regarder à l’horizon au cours de la pire tempête à s’abattre sur les marchés depuis la Grande Dépression. De plus, les investisseurs qui ont suivi ses conseils et qui ont fait travailler leur argent à un moment où les autres avaient peur de le faire chantent probablement les louanges de M. Buffett aujourd’hui.
Une illustration du principe d’« acheter quand les prix sont bas »
Si l’on a rapidement tendance à réduire la clé de la réussite en matière de placements au dicton populaire selon lequel il faut acheter quand les prix sont bas et vendre quand ils sont élevés, on oublie souvent le sens réel de ces mots dans la pratique. « Acheter quand les prix sont bas » ne signifie pas qu’il faut investir lorsque le marché est à son plus bas. Si c’était le cas, nous serions tous dans le pétrin. Même le meilleur investisseur de notre génération n’y arriverait pas.
En pratique, les choses se passent la plupart du temps plutôt de la manière suivante : on achète, puis le marché baisse. Ensuite, on continue d’acheter. Il se peut que le marché continue de se replier. Cependant, l’horizon de placement d’un investisseur à long terme est suffisant pour lui permettre, un jour, de vendre quand les prix seront élevés. C’est ainsi que procède Warren Buffett.